accepter la procrastination pour plus de bien-être

Accepter sa procrastination 

Remettre les tâches à demain, se culpabiliser de le faire et ne plus avoir confiance en soi, tel est le cercle vicieux qui se met en place pour certains d’entre nous. A travers cet article, je vous propose de mieux comprendre le mécanisme de la procrastination, pour l’accepter et renforcer votre confiance en vous !

Qu’est-ce que la procrastination ?

Procrastiner, c’est remettre au lendemain quelque chose que l’on peut faire aujourd’hui. C’est ajourner, temporiser une action pour soi et/ou qui implique l’autre.

Si vous êtes un·e professionnel de l’organisation et de la planification des tâches (professionnelles et personnelles), ce sujet n’est pas pour vous.

Mais si vous êtes plutôt à reporter les tâches, à vous sentir débordé·e par les sollicitations extérieures toujours plus pressantes, et à vous en vouloir de ne jamais faire assez bien, alors prenez 5 minutes et continuez la lecture de cet article !

D’où vient la procrastination ?

Pourquoi vouloir remettre au lendemain des actions que notre cerveau conçoit tout à fait comme nécessaire ?

Deux éléments peuvent être à l’origine de ce comportement.

Tout d’abord, l’accumulation d’efforts psychiques que nous faisons au quotidien. Nous sommes hyper sollicités par notre environnement et comme tout ne se passe pas toujours comme nous le souhaitons, nous faisons des efforts : efforts au travail (charge de travail, collaboration parfois difficile avec un chef ou un collègue, etc.), efforts personnels (courses, travaux, ménage, etc.) et même parfois des efforts pour être heureux. Et oui, le droit au bonheur s’est transformé en injonction au bonheur ! Voyez comme les réseaux sociaux regorgent de gens heureux qui font part de leurs magnifiques réalisations et voyages, agrémentés de belles phrases inspirantes. Il n’est pas de bon ton de montrer que nous avons des difficultés dans la vie …alors on fait un effort pour faire comme les autres et on diffuse des photos qui nous montrent épanouis.

Mais ce trop plein d’effort a un revers de médaille. A force de puiser dans nos capacités et de vouloir être conforme à ce que notre environnement attend de nous, nous perdons la connexion à nous-même. Nous nous écartons de nos besoins, de la source de notre plaisir et du sens que nous donnons au chose. Pas étonnant qu’une partie de nous se rebelle !

Et cette partie prend les manettes au moment où on l’attend le moins pour repousser, saboter ou se trouver pleins d’excuses pour ne pas faire.

Une autre origine possible de la procrastination est le perfectionnisme, ou plus globalement la peur de mal faire. Être perfectionniste c’est quand le niveau d’attente est irréaliste et que l’on s’impose des standards personnels extrêmes. Le perfectionnisme ne correspond pas à la recherche de l’excellence, il correspond à la recherche de l’inatteignable, de l’inaccessible.

Il est parfois normal de monter son niveau d’exigence pour progresser, évoluer, apprendre. Mais comment être satisfait quand nous savons par avance que nous n’atteindrons jamais la perfection ? Comment se lancer dans l’action que notre cerveau sait par avancer qu’il sera déçu ?

Nous n’avons aucune raison de nous mettre en action si vous envisageons un risque éventuel. Et la déception est l’un de ces risques.

Il en va de même pour toutes les peurs. Si votre cerveau envisage une action risquée, charge à lui de vous éviter de la faire. Et même quand il s’agit d’une tâche administrative « simple », si vous avez l’impression que vous n’allez pas réussir à la faire et qu’on risque de vous critiquer, vous humilier, ou vous rabaisser, votre cerveau a toutes les bonnes raisons de ne pas enclencher l’action.

Quels sont effets de la procrastination ?

D’autres facteurs peuvent déclencher le besoin de procrastiner (comme les profils atypiques, l’hypersensibilité, la fatigue ou la dépression).

Mais pour tous, la procrastination a un même effet : la baisse de la confiance en soi.

Remettre au lendemain est mal vu de nos jours. Tout comme la lenteur, l’indécision, le fait « à peu près », les erreurs. Il nous faut du « tout de suite », du sûr, du parfait et du beau !

Alors oui quand nous procrastinons, notre environnement nous renvoie une image dégradée de nous. Certains sont plus au moins sensible au regard de l’autre, mais pour tous, le jugement le plus sévère vient souvent de soi.

Et notre juge intérieur ne nous laisse rien passer. Même si nous nous trouvons des circonstances atténuantes, il est là pour nous rappeler « qu’encore une fois j’ai repoussé la tâche », que « je ne suis pas organisé·e », « je ne suis pas fiable » ou pire «  je suis un·e incapable »

De là se crée un cercle vicieux : « si je ne fais pas, je suis incapable, et si je suis incapable, il est hors de question que je prenne le risque de faire quelque chose dont je risque de ne pas être satisfait, donc autant ne rien faire … »

Ce mécanisme peut avoir des conséquences très concrètes: anxiété, difficultés de concentration ou de mémorisation, problèmes d’endormissement.

Et pourquoi ne pas changer de regard sur la procrastination ?

Et si nous posions le postulat que notre cerveau nous veut du bien ? Il est là pour nous protéger et aller vite !

Oui, notre cerveau a pour mission de protéger notre identité. Il refuse donc de prendre des risques qui mettraient en péril qui nous sommes. Malheureusement, quand il trouve une stratégie d’évitement aussi efficace que la procrastination, il est souvent difficile de l’en éloigner.

Mais la procrastination n’est pas qu’une stratégie de gestion du risque. C’est également une stratégie adaptative qui nous demande de prendre notre temps. Ce temps « gagné », participe à notre processus créatif et au développement de nos potentialités. C’est notre petite voix intérieure qui nous rappelle les choses importantes pour nous, qui nos reconnecte à nos priorités et nos fondamentaux (et non ceux de la société, du conjoint ou des enfants !)  Ce processus peut être vu comme un outil pour notre bien-être mental.

Alors pourquoi ne pas l’intégrer de manière constructive et bienveillante ?!

Pour accepter la procrastination, pensons autrement !

Afin d’accepter la procrastination, je vous propose de modifier notre prisme de vue sur votre réalité :

  • Acceptez de vous tromper !  Pensez l’erreur comme source d’apprentissage et non comme un jugement et encore moins un jugement de valeur sur vous. Dissocier les notions de valeur et d’actes. Ce n’est pas parce que vous ne faites pas correctement quelque chose, que vous n’avez pas de valeur ! Votre valeur n’est pas remise en question dès que nous échouons dans une tâche. Acceptez vos limites et votre part « d’ombre » …et si vous avez peur de faire des erreurs, alors ne soyez pas humain, devenez une vache ou une chèvre 😊
  • Soyez curieux·euse de vos modes de fonctionnement ! Observez vos automatismes et stratégies d’évitement. Trouvez les très bonnes raisons que votre cerveau a trouvé pour ne pas faire la tâche. Et reconnectez à votre plaisir !

Pour accepter la procrastination, changeons de façon de faire !

Je vous propose quelques pistes pour vous mettre en action :

  •  Dosez vos efforts et prenez conscience de vos plaisirs ! Observez objectivement votre charge mental et la « to do list » qui vous attend pour la journée. Est-ce qu’elle est raisonnable ? est-ce qu’elle vous permet de vous faire réellement plaisir ? Intégrez des moments plaisir dans votre agenda et soyez 100% dans l’instant présent de votre planning. Si vous êtes dans une tâche « effort », concentrez-vous à fond dessus. Et si vous êtes dans une tâche « plaisir », soyez également à fond dessus (sans penser à la prochaine tâche du planning ou la prochaine obligation !) C’est ce qu’on appelle faire ses choix en conscience ! Et vous profitez des moments de pause pour réévaluer vos limites ou les actions non prioritaires. Et cerise sur le gâteau, vos moments « plaisir » vous permettrons de booster votre créativité et votre dynamisme !
  • Abordez les tâches à faire avec humilité !  Décomposer la tâche à faire en sous-tâches. Comme dans un processus de désensibilisation pour allergies, réalisez les sous-tâches les unes après les autres sans vouloir aller trop vite. Par exemple, si vous repoussez un appel téléphonique à une administration (France Travail, les impôts, etc.), commencez par préparer votre scripte. Plus tard, planifier le point téléphonique juste après un moment plaisir. Et enfin, réaliser l’action. Vous ressentirez une satisfaction d’avoir réussi les étapes et ces petites victoires enclencherons un cercle vertueux vers plus de confiance en vous !

Et maintenant, à vous de jouer …et soyez bienveillant·e avec votre procrastination !

Besoin d’aide pour y voir plus clair sur vos modes de fonctionnement et enclencher le changement ? Contactez-moi pour une première séance !

Claire PERSON

Et pour allez plus loin :

  • émission radio « Grand bien vous fasse » sur la Procrastination (du 8/11/24)
  • livre « La Procrastination, les bienfaits de reporter au lendemain », de J.Perry, édition Marabout, 2019.

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