Comment faire son deuil ?  

Le deuil est une épreuve de vie que nous avons connus, ou que nous connaitrons tous.

Freud (neurologue et fondateur de la psychanalyse) parle du deuil de sa fille ainsi : « Il y aura une fin mais on restera inconsolable et cela n’est pas pathologique ». Non, les émotions ressenties (tristesse profonde, anxiété, dépression, etc.) ne sont pas pathologiques. Elles sont parfois nécessaires au processus et demandent à être accompagnées.

Cet accompagnement est possible avec la PNL (Programmation NeuroLinguistique) et les Thérapies Brèves, que je pratique.

Qu’est-ce que le deuil ?

Selon Daniel Lagache, psychiatre et psychanalyste français, le « deuil est un phénomène psychologique, de l’ordre de la douleur physique et moral » En français, les mots « deuil » et « douleur » sont issus du verbe latin « dolere » (souffrir).
Dans le livre, « Accompagner des personnes en deuil », Camille Baussant-Crenn définit le deuil  « comme « la mort d’un être cher » et l’affliction profonde causée par cette irréversible disparition ». Elle explique que « ce terme désigne également les manifestations extérieures (rituels, période) et le processus psychologique qui évolutif. »

Pourquoi c’est si dur ?

Pour chacun, la mort d’un être cher est unique et s’accompagne de réactions émotionnelles légères, importantes ou très intenses.

Cette différence vient de différents paramètres :

  • Notre état : l’état du le lien affectif et notre expérience de vie,
  • L’évènement : les causes de la mort et la soudaineté de l’évènement.

Etat du lien et expérience de vie

Le lien affectif avec la personne décédée est très différent du lien social ou familial. Nous pouvons nous sentir très proche d’un ami que nous venons de rencontrer et plus éloigné d’une personne de notre famille. L’intensité du lien rend le deuil compliqué, qu’il soit un lien d’amour ou lien toxique (nous n’aborderons pas ici le deuil dans le cas d’un lien toxique, qui doit prendre en compte cette composante spécifique. *)

De plus, selon notre âge et surtout notre expérience de vie, notre regard sur cette épreuve peut être très différent. Pour autant, il est fondamental d’expliquer la mort à tous les âges et de pouvoir mettre des mots sur cette épreuve (je vous propose un livre pour enfant en fin d’article)

L’évènement, cause et soudaineté

En outre, la cause de la mort a également un impact important sur notre ressenti. Un décès dit « naturel », ou de vieillesse, marque un cap. Mais il est encore plus difficile d’accepter un départ à la suite d’une maladie, d’un suicide, d’un accident, ou d’une catastrophe naturelle.  En plus de perdre la personne, cet évènement peut remettre en question notre vision de la médecine, des technologies, et de la nature. Cette perte de confiance vient ajouter à la tristesse énormément de colère et d’incompréhension, qui viennent accentuer la détresse ressentie, et ralentir le processus de deuil.

Enfin, suivant les circonstances du décès, l’annonce peut être un réel choc traumatique. La soudaineté de l’évènement peut nous anéantir, être indigeste émotionnellement et non assimilable cognitivement. Et nous pouvons ressentir un réel contraste avec l’environnement extérieur (la vie continue pour les autres), alors que nous souffrons.

En résumé, notre perception du deuil dépend d’un grand nombre de paramètre. Il est donc unique et ne doit pas être comparée aux ressentis ou histoires d’autres personnes.

Il est indispensable de se faire confiance dans l’intensité de ce que nous ressentons et d’être extrêmement bienveillant à notre égard. Grâce à cette écoute et cette bienveillance, vous pourrez avancer un peu plus sur votre chemin du deuil.

Comment se déroule le processus de deuil ?

Le processus de deuil comporte plusieurs étapes, non linéaire. Ainsi, chacune des étapes peut se représenter plusieurs fois.

Le déni

Nous commençons tout d’abord par avoir du mal à comprendre ce qui nous arrive. Nous reconnaissons rationnellement que la personne proche est décédée mais pas émotionnellement. Cela reste encore abstrait. Au contraire, nous pouvons refuser de voir l’épreuve qui nous arrive. Il s’agit du déni

La colère

Ensuite, nous pouvons être touchés par la culpabilité ou la colère (envers l’autre, envers nous-même, ou contre la vie). Cette colère nous donne l’énergie pour ne pas sombrer. Elle nous montre ce qui est fondamental pour nous et nous demande de nous mettre en action pour faire respecter nos valeurs. Elle peut donner le sentiment de garder le pouvoir, le contrôle et la maitrise sur notre vie. Mais trop développée, elle peut empêcher la tristesse et les autres émotions, de prendre le relai pour poursuivre le processus.

La tristesse

Pour la plupart d’entre nous, la tristesse est présente rapidement ou se manifeste après quelques jours. A travers cet évènement, notre cerveau sait qu’il vient de perdre plusieurs choses importantes. Tout d’abord la personne elle-même, qui portait en elle des valeurs que nous reconnaissions et parfois même admirions. Perdre cette personne, c’est perdre ces valeurs partagées.

La peur

Cette perte peut également s’accompagner d’inquiétude, d’anxiété ou même d’angoisse. En effet, à traverse cette perte, nous perdons également notre place. Nous pouvons avoir l’impression de perdre notre “rôle” (fille-fils, sœur-frère, mari-femme, etc.) et notre système intérieur doit complètement se réorganiser, sans ce rôle. Ce départ met en lumière une place « vide », des rôles et responsabilités vacants, des liens coupés.

Il est important de pouvoir accueillir et reconnaître ces émotions pour comprendre ce qui se joue en nous. N’oublions pas que les émotions ne se compensent pas et qu’elles ont leur propre besoin. Reconnaitre qu’elles sont présentes est fondamental pour enclencher le processus d’évolution.

Pourquoi traverser ce processus de deuil ?

Le processus de deuil est un processus d’évolution. L’évolution est ce qui caractérise le plus la nature de tout être vivant.

Ce processus permet de mettre en lumière certains éléments (compétences, capacités) dont nous n’avions peut-être plus conscience car naturels ou même automatiques. En prendre conscience, c’est pouvoir les remettre à leur juste place dans une nouvelle configuration.

Ce processus permet de diriger notre attention sur ce qui est fondamental pour nous. Il permet de redéfinir ou de renforcer notre identité. Il donne également l’occasion de reprendre contact avec ses valeurs ( ce qui est indispensable pour nous), et de redéfinir nos rapports avec les autres et le monde.  

Le processus permet d’enclencher une phase d’adaptation, nécessaire à toute forme de vie, permettant de prendre connaissance de cette nouvelle réalité pour retrouver doucement un équilibre interne.  

Et après ?

A travers les différentes étapes du processus de deuil, nous pouvons développer des aptitudes dont nous n’avions peut-être pas conscience et qui n’auraient peut-être jamais été développées. Nous pouvons découvrir de nouvelles capacités, et redécouvrir nos forces et nos valeurs.

Cette épreuve peut également nous permettre de tisser de nouveaux liens avec des personnes qui veulent notre bien (amis, familles, groupes de soutien, communautés religieuses) Et les regards bienveillants de ces proches peuvent nous aider à mettre en lumière nos forces, notre valeur, et avoir la sensation d’être soutenu et considéré.

Une fois le poids des émotions atténué, il est ensuite important de s’autoriser à (re)vivre. Vivre en intégrant le souvenir de l’autre.

Laisser se dérouler le processus de deuil n’est pas un pas vers l’oubli de la personne décédée. C’est un moyen d’intégrer l’évènement pour être dans le réel de la vie qui est également faite de joies et de plaisirs. C’est un moyen de vivre avec le souvenir de la personne (ce que nous admirions d’elle) et que nous pouvons transmettre. Vivre en honorant son souvenir, en lui faisant une nouvelle place. Vivre en intégrant un nouvel équilibre basé sur une conscience de soi et de ses (nouvelles) priorités.

Et vivre pour poursuivre notre chemin en portant cet héritage, cette chose précieuse en nous, qui viendra soutenir nos projets et nos réussites de vie. *²

Après le dur hivers, l’arrivée du printemps …

Comme le printemps après un rude hiver, le deuil est un processus qui nous pousse à nous adapter et à nous transformer.  L’intensité des émotions nous permet de nous rapprocher un peu plus de qui nous sommes, de nos priorités et de faire émerger ce qu’il y a de plus beau en nous.

Si avez vécu ou vivez un deuil et que vous souhaitez être accompagné,  contactez-moi pour une première séance (prendre rdv)

* Perdre une personne avec laquelle nous avons eu un lien toxique demande un accompagnement particulier, permettant de couper le lien et de se dissocier de l’autre (contrairement au processus avec une personne chère où nous intégrons ses valeurs) Pour plus d’information, n’hésitez pas à me contacter.

*² : Article à la mémoire d’un ami, qui m’accompagne au quotidien grâce à sa phrase : « Accueil et transforme en joie ». Merci Bruno !

Sources et références pour aller plus loin :

  • Emission radio « L’inconscient – Le deuil ou comment continuer ? » France Inter (19/02/23)
  • Livre « Quand la mort est traumatique », P. Brillon, Editions Québec-Livres
  • Livre pour enfant : « Visite de Petite Mort », Editions Ecole des Loisirs
  • Site internet Cairn.info – livre, « Accompagner des personnes en deuil »

Publications similaires